biobibliographie | recueils | poèmes dits | motscouleurs | sur la poésie | recensions | échos critiques | haïsha haïku | Sac à mots édition | Revue 7 à dire | liens |
Eva-Maria Berg, Tant de vent négligé, So viel Wind ungenutzt, Éditions
Villa-Cisneros, bilingue, traduit de l’allemand par l’auteur, avec Max Alhau,
2018, 14 €. « " printemps" dis-tu et tu
t’épanouis / malgré l’hiver » : le recueil célèbre en effet les
pouvoirs du langage et ceux de la poésie. Car l’important est « absolument // jouer / avec la langue ».
Mais, dans l’écriture poétique – où enfin peut-être « trouver son propre son » – est-on seulement dans le domaine du
« comme si » : « comme
si un poème prenait au sérieux / le mot et l’enfance » ? Dans le
jeu, l’enfant le vit ainsi, tout devient possible, comme le libre regard
du poète est seul capable de compenser notre infirmité humaine : « les hommes / incapables / de voler / les
maisons / ancrées / jamais à déplacer », alors que « les yeux / il est facile / de les entraîner
/ n’importe où ». De même, et tandis qu’« une zone neutre / pour les pensées / aucun véhicule / ne franchit / la
section / même un avion », la poète affirme la puissance du
langage : « seulement le mot /
du début / glisse / lui-même / vers la fin ». Une foi poétique qui
n’empêche pas Eva-Maria Berg de s’interroger : « qu’est-ce que tu imagines / en écrivant […] as-tu les yeux ouverts / face à toute angoisse et / tout l’espoir
d’une demeure / au moins dans le texte ». Et c’est bien
cette question de la trace qui hante aussi la poète : « est-ce que quelqu’un fera / des recherches sur nous / et y
aura-t-il / encore une raison à cela ».
L’écriture, pourtant, doit perdurer « pour
raviver / les hommes ». (par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première 72) |