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 Pierre Calonier, Voix pour une poétique de la pensée, éditions unicité, 2017, 18€.

(par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première 68)

   Passionné de poésie, Pierre Calonier est aussi philosophe. Dans son remarquable « essai-guide » - en forme d'abécédaire de notions explorées par philosophes, linguistes, poètes, voire romanciers ayant réfléchi sur l'écriture, la poétique (d'adynaton à voix du pays double, en passant par ore///e intérieure, oxymore ou sacré) - il nous livre une pensée particulièrement éclairante sur ces riches lectures. Tout en mesurant combien relatives sont ces étiquettes d'appartenance générique souvent réductrices, on écoutera ainsi attentivement, entre autres et par exemple, les voix de Baudelaire, Rimbaud, Pessoa, Éluard, Char, Perse, Césaire, Senghor, Celan, Michaux, Paz, Jaccottet, Bonnefoy, Deguy... mais celles aussi de Nietzsche, Bachelard, Merleau-Ponty, Heidegger, Sartre, Agamben, Lévinas, Deleuze, Steiner... comme celles de Camus, Kundera, Le Clezio ou Quignard... Poésie et philosophie cheminent ici de concert, dialoguant en une « poétique de la pensée » propre à nous mènera la fois, selon la formule de Bonnefoy, à « l'évidence du monde » (qui est bien, comme le dit Pierre Calonier, « essentiellement poétique ») et, (par delà donc « te mensonge du concept » dénoncé par Bonnefoy), à la « pensée comme poème », « la pensée de l'être» ; celle qui, pour Heidegger, est justement « l'ordre originel du Dire poétique ». Car, « en reproduisant son "instant", cet instant qui immobilise la vie, nous dit Pierre Calonier commentant Bachelard, le poème peut devenir un "plus que la vie" ». La poétique pourra même, lorsque le poète rejoignant le philosophe « se livre à une expérience de l'être », se transcender en « poéthique » (terme de Georges Perros repris par le poète et philosophe Jean-Claude Pinson), dans un véritable « réajustement de l'écriture et de la vie».

                                                                                                                                     (par Martine Morillon-Carreau,Poésie/première 68)


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