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Jean-Claude Albert Coiffard, Encre de mer, poèmes avec des pastels de Nathalie Fréour, un avant-lire de Jean-Pierre Boulic et une postface de Gilles Baudry, 99 pages, L'enfance des arbres, 2017, 25 €.

    Ce beau livre, "à la mémoire d'Hélène Cadou", nous offre, dans cette mouvance lyrique des poètes héritiers de l'École de Rochefort, des textes brefs (jamais plus de 7 vers) de Jean-Claude Coiffard, des éclairs, éclats de lumière et poésie, qui, en dialogue avec les pastels de Nathalie Fréour, sont appels à méditation sur l'égale infirmité de la nature, du poète, de l'homme : "Ce qu'il y a de commun/ entre le poème et la mer/ c'est l'indicible". Car le poète, si sensible à la beauté du spectacle marin, sait l'impuissance de la nature : "La mer ne peut offrir/ que des bouquets d'écume/à la douleur du monde". Si en effet "il y avait la mer/[...] la nuit/ et l'homme/sur le sable/[qui] laissa le pas des mots", ceux-ci, qui " font naufrage", nous permettent-ils d'espérer autre chose que le silence ? Le poète, dans ces conditions, ne peut qu' "Aller sur la plage/ recueillir/ce que laisse la mer/et les mots pour le taire". Mais cette gravité existentielle n'exclut pas l'humour. Celui de rapprochements insolites et décalage des tonalités : "Rien de plus beau/ disais-tu/qu'un soleil sur la mer/et tu plantais tes poireaux", celui aussi de jeux avec les mots, leur sens détourné ou pris au pied de la lettre : "On aura beau dire/la beauté fait des vagues", voire l'humour noir qui naît, soudain, poétiquement d'une acception familière : "Ils n'ont plus confiance dans la mer/les galets/elle les a tant roulés"

                                                                                                                                    (ParMartine Morillon-Carreau, Poésie/première numéro 69)


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