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Éric Sivry, Pour un art de l’intuition, Manifeste de l’intuitisme, Hermann éditeurs, collection Vertiges de la langue, 2016, 25 €. Voici
un livre fondateur. Dans notre monde en crise, « peut-être une crise
due à l’habitude », nous avons besoin, d’un « autre regard ».
Le mouvement intuitiste assez vite promu l’intuitisme
(néologismes dus aux poètes Éric Sivry et Sylvie Biriouk dans les dernières
années du XXe siècle) s’y affirme comme « un art et une
poétique de l’intuition ». Attentif à ses sensations, sa sensibilité,
ses sentiments, le poète intuitiste est un « lyrique », pour qui il
s’agit de rechercher « toutes les formes d’intuitions premières, de
sensibilité et d’imagination intuitives, qui parlent chez l’artiste au moment
où il crée ». Ce qui ne signifie nullement « transcrire des
messages venus de l’inconscient, ni même de l’intuition » : le poète intuitiste
ne transcrit pas, il est « un lieu de passage, un
révélateur » à qui, tel ou tel objet, telle ou telle situation du réel
dictent le poème en sa forme adéquate, propre à dire en même temps l’étrangeté,
« ce quelque chose d’un peu fou », qui relève de l’énigme
fondamentale du monde. Éric Sivry y insiste : quoique lyrique, le poète
intuitiste ne se dit pas inspiré au sens antique, voire romantique, du
terme. On
lira ainsi avec intérêt et profit les pages subtiles que l’auteur consacre aux
différences entre intuition et inspiration, au passage d’une « phase
visionnaire » de l’art à « sa phase intuitive », à sa
conception de l’épopée, au rapport de l’intuition aux différents arts, aux
mathématiques, à la philosophie, au domaine spirituel… Le
chapitre : « La parole aux poètes intuitistes », rappelle les
noms des principaux auteurs du groupe et livre quelques extraits
significatifs de leurs œuvres. (par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première 71) |