Monique W. Labidoire, D'une lune à l'autre, avec des encres de Silvaine Arabo, Éditions ALCYONE, collection SURYA, 26 pages, 13€.
Voici,
accompagné de huit encres de Silvaine Arabo - qui, dans leurs camaïeux
de bleu, incitent, par le rêve et la méditation, à « la réception féconde»de
ces poèmes/adresses- un bien beau et fort émouvant recueil ! Inspirée
Monique Labidoire parThéo-lssey, son plus jeune petit-fils,
franco-japonais à qui il est justement adressé, le livre, qui offre en
bilingue et bleu son titre, ainsi qu'au moins une expression par poème,
dépasse pourtant le tendre contexte anecdotique et familial. S'il est
en effet destiné, en premier lieu, à cet « enfant particulier», « Enfant de feu, de sang, d'amour », la
poète, à l'écoute des spécificités du pays natal de son petit-fils,
cherche bien (sans vouloir effacer les différences) non seulement à
rapprocher les imaginaires et les cultures, mais à les « faire respirer ensemble»dans une perspective universelle. Elle imagine ainsi, pour cet « enfant unique et multiple », « un chemin d'apprentissage » qui serait comme « une manière de faire couler le sable du temps dans un cœur ouvert »,
tout en gardant souvenir, au sein de ce (mé)tissage, de ses origines
multiples et de la diversité de ses ancêtres. Un héritage à la fois
riche et lourd, de Bashô à Rimbaud, du « Danube aux reflets d'or», des Carpates, mais aussi d'Auschwitz, à Hiroshima. De la Bretagne ou du Périgord aux jardins zen « de pierre et de graviers blancs ». Car, nous dit Monique Labidoire, « la mémoire est lieu cher à mon poème » ! Mais son livre se présente aussi, surtout, comme une ouverture au « temps de l'espérance », « un temps pour partager, un temps pour fêter les cerisiers »...
(par Martine Morillon-Carreau,Poésie/première 69)
