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Gérard Mottet, Ô combien cela te ressemble, éditions Unicité, 2019, 18 €.

http://www.editions-unicite.fr/auteurs/MOTTET-Gerard/o-combien-cela-te-ressemble/index.php

avec des peintures de Chantal Lacaille

Dédié à « tous les êtres qui [lui] ont prêté leurs yeux pour voir la vie », accompagné de reproductions des somptueuses peintures abstraites de Chantal Lacaille, le nouveau recueil de Gérard Mottet touche par la gravité, la profondeur, l'urgence de cette parole poétique, dont l'émotion qui l'a fait naître s'exprime néanmoins dans la pudeur et l'ellipse. La méditation, où chacun est appelé à reconnaître son propre ressenti dans celui du poète, se teinte souvent de mélancolie : « Toi qui ne fais que passer », se dit - nous dit l'auteur, dont le discours s'adresse à un interlocuteur qui est son double comme le lecteur lui-même, ce semblable, ce frère, pour reprendre l'apostrophe de Baudelaire.
Et la quête de soi aboutit finalement a cette interrogation désabusée : « qu'es-tu d'autre /qu'un ancien écho/de toi-même ? ». Même la jubilation de la quête poétique, marquée au coin d'une humilité lucide, n'est pas sans ambiguïté : « Pêcheur d'aurores miraculeuses/j'ai lancé mes rêves [...] //tels des filets déchirés / sur les reflets de la mer». Mais la figure de l'arbre, en prometteur symbole de vie dans sa perpétuelle capacité de régénération, vient cependant adoucir cette posture saturnienne ; la question : « qu'es-tu d'autre qu'un arbre ? [...] un arbre parmi d'autres ? », tout en pouvant suggérer une image apparemment réductrice de notre condition, l'inscrit au contraire dans l'exaltante aventure cosmique.
Et si l'on n'est que « coquille vide », paradoxalement celle-ci « enclôt l'infini » ! Ainsi le poète peut-il voir en l'homme « l'être miroir/en lequel se reconnaissent les dieux ».

                                                                                                                                     (par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première 73)


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