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Claude Serreau, poète discret...
(Martine Morillon-Carreau, revue 7 à dire n° 6)

     Né près de Nantes en 1932, Claude Serreau reconnaît volontiers l’importance de cette origine géographique : « Je suis de ce pays d’eaux, de terres et de vent, et des premiers hoquets de l’Océan. Je suis d’Ouest ». Ainsi se présente-t-il en décembre 1975 dans le dossier que lui consacrent les Traces 52 de son ami et éditeur Michel-François Lavaur, rencontré par l’intermédiaire de l’imprimeur éditeur nantais, Sylvain Chiffoleau, qui lui a également fait connaître un autre instituteur poète, Gilles Fournel, directeur de la trop éphémère revue Sources, à laquelle Claude Serreau allait aussi collaborer.

    Mais c’est à Traces que Claude Serreau confiera ses sept recueils, depuis Raisons élémentaires, prix Théo Briand en 1966, jusqu’à Rumeur du vide et autres lieux, en 2003, en passant par Réflexion pour la nuit, Récrire le temps, Risquer la lumière, Référence la terre et Rechant et mémoire : autant de titres dont le « R » initial se veut hommage à René Guy Cadou.

    Outre Cadou, dont l’influence est surtout sensible dans son premier livre, et la présence quotidienne de la musique de Bach, vitale pour le poète, d’autres admirations et amitiés poétiques vont jalonner son itinéraire d’écriture : Aragon, Guillevic, mais aussi Dagadès, Jean Laroche et Norbert Lelubre, rencontrés au sein de l’équipe Traces ; et autour des revues Sources et Action poétique : Gérard Voisin et Paul-Louis Rossi. Puis Lavaur lance sa généreuse expérience « Feu vert » des lectures publiques de poèmes : Claude Serreau avoue s’être alors « efforcé d’y participer » ; il croit plus aux vertus de la méditation solitaire d’un poème qu’en celles de sa proclamation urbi et orbi… question de discrétion peut-être.

    « Poète discret », une expression qui revient souvent pour qualifier Claude Serreau. Jean-Claude Coiffard l’emploie quand il l’interviewe pour Rivages poétiques ; et Jean Chatard dans la revue belge Bleu d’encre, en sa recension de Rechant et mémoire, dont il salue en 2002 la « sereine clarté »,  «la générosité des auteurs de haut vol ».  Or il s’agit ici de bien autre chose que d’un trait psychologique : plus que manière d’être, cette discrétion chez Claude Serreau m’est vite apparue comme  manière d’être poète ; un art poétique.

    Mais si – à cause d’un sentiment omniprésent de l’énigme existentielle –  on peut cependant à bon droit, comme Jean Chatard, parler du lyrisme de Claude Serreau, le poète l’exprime toujours avec une émotion contenue, et à partir des choses humbles et simples de la vie et du monde : « Un soleil blanc sur un geste d’oiseau / Le signe de la main au dévidoir des nuits / et l’aile qui sertit la gravité des mots / Dans son esclandre de lumière ».

    Une poétique qui n’est pas sans rappeler le célèbre « rien de trop » cher aux classiques, comme aussi le « sans rien qui pèse ou pose » verlainien. Une ascèse.

 

 

(Martine Morillon-Carreau, 7 à dire n° 6)


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