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Marie-Hélène VERDIER : Faire dame en passant
(Librairie-Galerie Racine, 2016, 268 pages, 17 €)

(par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première n°67, avril 2017)
Poésie / première (le numéro 15 €)

Faire dame en passant Marie-Hélène VerdierFaire dame en passant Marie-Hélène Verdier verso

C’est, fort loin d’être déjà dame, la narratrice enfant qu’on reconnaît sur la photo de quatrième de couverture : en robe d’été à petites manches ballon – bras sagement croisés mais l’air joyeux et mutin – elle sourit. Comme interrompue en plein jeu, elle semble, avec ferveur, confiance, gourmandise, soudain accueillir les années promises ainsi que, à la fois serviteurs fidèles et maîtres exigeants, les mots en charge de dire plus tard la précieuse saveur présente : ce temps où « on est heureux », où « le jardin était petit mais suffisant pour les rêves », où elle s’évaderait avec « ce chat bleu du mur », son « inscription […] : Au Chat Rêveur »…Sous les auspices, en exergue, de Mona Ozouf et Composition française, le livre soustitré « une enfance française », nous entraîne dans l’irrépressible cheminement vers l’écriture de celle qui deviendra poète, nouvelliste, romancière. On la suit à travers « une enfance pictave » d’abord, puis aixoise, très catholique toujours quoiqu’impertinente souvent, dans un festival de souvenirs savoureux comme « crème au chocolat », insolites comme « Lolo Mendès » ou ayant « de quoi faire frémir », comme ce Barbe-Bleue « rue de la Tête Noire », tous narrés avec une tendresse qui n’exclut ni distance ni humour parfois acéré. On voudrait tout citer de ce livre où, sans doute, les anciennes petites filles du baby boom ne retrouveront pas sans émotion non plus, ces infiniment désirables bottillons d’hiver ornés de « poils de phoque » ! Quoi qu’il en soit, faux récit autobiographique ou véritable autofiction, Faire dame en passant (charmant titre, évoquant le jeu de dames… mais au double sens finement existentiel), est un pur régal de lecture !

Martine Morillon-Carreau, Poésie/première n°67, avril 2017
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