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Yu Wang,  La Réception des anthologies de poésie chinoise classique par les poètes français (1735-2008),

Classiques Garnier, 2017, 89 €.

       Les lecteurs de Poésie/première connaissent déjà Yu Wang par les trois passionnants articles qu'elle nous a donnés pour les numéros 67, 68 et 70, où était finement analysée l'influence de la poésie chinoise sur Henri Michaux, Claude Roy, Gérard Macé. Elle y insistait sur la complexité du passage d'une langue à l'autre, d'un système de références culturelles à un autre.

     Mais, bien sûr, ces articles ne constituent qu'un infime aperçu du remarquable, exhaustif et savant travail de thèse, ici publié par les Classiques Garnier, sur la réception des anthologies de poésie chinoise classique par les poètes français, qui ont effectivement été fascinés par la civilisation chinoise et, en particulier, par sa poésie – depuis les premiers missionnaires jésuites qui, malgré leur souvent remarquable connaissance de la langue de Confucius, ne s’en montraient pas moins un peu trop enclins à plaquer leur propre schéma culturel et religieux sur la pensée chinoise, jusqu'aux poètes français les plus contemporains comme Gérard Macé, en passant par André Chénier, Paul Claudel, Victor Segalen, Saint-John Perse, Claude Roy...

     Et, si on doit méditer l'humble, lucide et péremptoire aporie que pointe cette phrase de Michaux  rappelée par Yu Wang : « un poème chinois ne peut se traduire » , on partagera le douloureux et délicieux paradoxe qui pousse, en même temps, le poète d’Un barbare en Asie – ainsi que tous les poètes français qui l'ont découverte – à tenter de traduire, transposer, s'approprier poétiquement la poésie chinoise.

     Car Yu Wang le démontre avec précision et subtilité, le texte des anthologies de poésie chinoise est devenu ainsi pré-texte (selon le mot de Claudel) à – et de – nouvelles productions poétiques de premier plan en français.

                                                                                                                                     (par Martine Morillon-Carreau, Poésie/première 72)

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